Travaux pour le théâtre
Touchagues a beaucoup oeuvré pour le théâtre. Peu après son arrivée à Paris au début des années 20, Charles Dullin l’a fait travailler quelques années comme régisseur, décorateur et costumier. Cette expérience réussie de « théâtre pauvre » a lancé sa carrière et les metteurs en scène reconnus sont venus ensuite le solliciter soit comme costumier soit comme décorateur des pièces qu’ils montaient dans les
grands théâtres parisiens. Après l’interruption de la seconde guerre mondiale, il a repris ces activités à un rythme frénétique jusqu’au milieu des années 50. On peut donc diviser son oeuvre théâtrale en 3 parties :
- les débuts avec Charles Dullin
- les années 30 jusqu’à la guerre
- les années 40 et 50
Il est quelquefois difficile de préciser où et quand les pièces pour lesquelles Touchagues est intervenu ont été jouées. Il y a eu des annulations et des reprises, quelquefois bien après le projet initial et bien loin de Paris. Les décors et costumes de théâtre étant par nature des oeuvres éphémères, les seules traces qui en restent sont quelques dessins préparatoires de Touchagues ainsi que les articles et photos publiés
dans la presse. Quelques rares décors et costumes ont néanmoins été sauvegardés et peuvent encore être admirés aujourd’hui.
En 2023, nous connaissons une quarantaine de pièces de théâtre et ballets pour lesquelles Touchagues est intervenu soit pour le décor, soit pour les costumes soit pour les deux. On peut télécharger un PDF de la liste, à jour de nos découvertes, ici : Ces listes sont forcément incomplètes. Vous connaissez peut-être d’autres interventions de Louis Touchagues dans le monde du théâtre. Faites nous
en part en utilisant ce lien « Contacts » ou celui qui apparaît en bas de page. Merci d’avance pour votre contribution.
Les débuts
Après sa présentation à Charles Dullin par ses amis lyonnais, Touchagues est embauché comme régisseur, costumier et décorateur. Dullin promeut un théâtre expérimental imaginatif mais manque cruellement de moyens. Touchagues devra donc se débrouiller pour créer des décors et des costumes qui expriment l’essentiel de la vision de Dullin avec du carton et des ficelles. Les dessins préparatoires de Touchagues
de cette époque sont souvent réalisés à la gouache avec des à-plats de couleurs. A partir de 1925, Touchagues abandonnera le théâtre pendant une dizaine d’année. Il est célèbre et ses autres travaux comme peintre, illustrateur et dessinateur de presse l’occupent pleinement.
Les années 30
En 1935, Dullin rappelle Touchagues pour l’affiche, les costumes et les décors du Faiseur de Balzac dont il joue le rôle principal. C’est un succès qui sera poursuivi avec Le Camelot, puis la Complainte de Pranzini à Amsterdam. Touchagues se tournera ensuite vers le théâtre de boulevard où il enchaine plusieurs pièces avec Dullin et Baty qui occupent maintenant les grandes scènes parisiennes.
La guerre va arrêter les projets qui étaient prêts à être montés. Certains seront finalement montés après guerre, d’autres non. Pendant la guerre, on continuera de monter des pièces de théâtre à Paris mais avec des moyens réduits. Touchagues contribuera ainsi à quelques pièces comme Les deux bavards de Cervantès.
L’après guerre
A la Libération, on assiste à une résurrection du théâtre parisien. Tous les producteurs recherchent les noms connus : acteurs, metteurs en scène, scénaristes, costumiers … Touchagues est évidemment de la partie. Entre 1944 et 1955, on trouve son nom à l’affiche d’une quinzaine de pièces et ballets. Ses dessins préparatoires sont de véritables petits chefs d’oeuvre, précis et expressifs en continuité de style avec ceux qu’il avait préparés à la fin des années 30 pour des projets comme Tricoche et Cacolet : dessins à la plume rehaussés de couleur à la gouache ou à l’aquarelle. Il en reste malheureusement assez peu aujourd’hui ; ces dessins n’avaient pas vocation à survivre à la pièce pour laquelle ils avaient été préparés. Après 1950, le style de Touchagues change. Pour le ballet Cinéma à l’Opéra, il passe à des dessins préparatoires schématiques dessinés au trait, « au feutre » dirait-on 40 ans plus tard. On retrouve ce style dans certaines de ces oeuvres de l’époque : illustrations de livre et lithographies. Comme il n’aimait pas se laisser enfermer dans une catégorie, il continuera en même temps, au gré de son inspiration, à produire d’autres choses. Un bon exemple est le superbe rideau de scène onirique qu’il dessina pour le ballet Opéra en même temps que ses dessins préparatoires « au feutre ». Ce travail sera une de ses dernières contributions au monde du théâtre. On ne trouve plus trace de Touchagues sur les affiches de théâtre après 1955, alors que sa carrière artistique est encore à son apogée.