Découvertes récentes et conservation
2018 : Nouvelles photographies
Début 2018, l’Association Louis Touchagues a l’opportunité d’acheter à un antiquaire deux plaques Autochrome anonymes représentant le porche de la chapelle après les travaux de Touchagues. Comme la société Lumière a commercialisé les derniers Autochromes en 1954, la prise de vue date du tout début des années 50, probablement par un photographe professionnel qui travaillait avec une chambre.
Notre surprise a été grande quand nous avons fait les premiers tirages : les fresques du porche apparaissaient dans une harmonie de couleur très riche avec des nuances qui avaient depuis longtemps disparu de l’original, comme les verts.
Comme l’authenticité de ces Autochromes ne fait guère de doute, ils constituent aujourd’hui une référence pour l’état initial de la fresque du porche. Le caractère granuleux du filtre couleur des Autochromes ne permet pas de rendre les détails fins mais la palette de couleur est probablement assez proche de celle que Touchagues a voulu nous transmettre.
Malheureusement, seule une diapositive offre une vue de l’intérieur du porche, la seconde prise à l’extérieur montre moins de détails.
L’Autochrome est un procédé de diapositive couleur sur plaque commercialisé par les frères Lumière en 1907. La sélection des couleurs est assurée par des grains de fécule colorés laminés sur une plaque photographique noir et blanc, ce qui fait que le résultat est granuleux même sur une plaque photographique assez grande (ici 13 x 18 cm). Après le lancement des procédés chimiques Agfa et Kodak dans les années 30, son utilisation diminua progressivement et sa commercialisation cessa complètement en 1954. La technique utilisée fait qu’il est quasi impossible de falsifier un Autochrome sans que cela se voie car on travaille sur l’original. Dans de bonnes conditions de conservation, les couleurs restent assez fidèles plusieurs dizaines d’années.
Cette découverte nous a amené à regarder de plus près les cartes postales des fresques éditées juste après la fin des travaux de Touchagues, au début des années 50 par le studio lyonnais Michalet. Les images en noir et blanc que l’on y trouve sont en pleine cohérence avec les Autochromes mais elles sont plus précises. Avec ces deux media, nous disposons donc d’une assez bonne référence sur l’état initial de l’œuvre de Touchagues : les couleurs d’un coté, les détails de l’autre.
Cartes postales des fresques du porche, début des années 50. Studio Michalet, Lyon
Quelle conservation ?
En 1952, Touchagues crée ces fresques dans un contexte bien différent de celui d’aujourd’hui. Il n’a malheureusement laissé aucune indication sur leur raison d’être, autre que “Hommage des saisons à Notre-Dame de Tout Pouvoir”. Il est donc bien difficile d’en tirer une conduite à suivre aujourd’hui.
Un gros travail de préservation et de mise en valeur de l’Ermitage du Mont Cindre avec son jardin de rocaille, sa chapelle et son site extraordinaire, a été achevé en 2023. Comme ces fresques font partie de ce patrimoine et il faut donc s’assurer de leur bonne conservation même s’il n’existe pas aujourd’hui de contrainte légale, le site n’étant pas inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques. La dernière restauration des fresques date de 2011. Une surveillance de leur évolution est donc nécessaire. Si besoin est, de nouvelles restaurations devront être entreprises.
Ces fresques constituent un élément important de l’œuvre de Louis Touchagues. A ce titre, l’association Louis Touchagues dont la raison sociale est “Redonner à l’œuvre de Louis Touchagues sa place méritée dans le patrimoine artistique” agit pour les préserver et les faire connaître. D’où ces pages Internet et des publications plus spécialisées.
La question qui se pose aujourd’hui au sujet des fresques est : Que conserver ? Les fresques dans leur état actuel ? Une restauration dans un état proche de l’original révélé par les Autochromes de 2018 ? Autre chose ? L’avenir le dira, mais à ce stade, il faut essayer de garder le maximum d’options ouvertes.