L’œuvre : introduction
Chantre de la vie parisienne, témoin privilégié du monde de la mode, du théâtre et du cinéma, « croqueur » percutant –mais inoffensif– des hommes politiques, et collègue des grands noms des cimaises parisiennes de la première moitié du XXe siècle, Touchagues n’a jamais oublié son village natal. Mais ce « Touche à tout » comme il se surnommait lui même a exercé son art dans des champs très divers allant du dessin de presse aux grandes œuvres murales, sans oublier le croquis-minute, le théâtre, l’illustration, la peinture, la gravure et quelques commandes prestigieuses. Probablement à cause de son image « people », mais aussi en raison de la difficulté d’appréhender son œuvre dans son ensemble, aucun auteur de renom ne semble s’être penché sur son itinéraire artistique ; il n’existe pas aujourd’hui d’étude critique, les inventaires sont partiels et le seul catalogue raisonné bien incomplet. Touchagues a vécu comme il l’aimait, dans l’instant présent, et n’a pas souhaité s’encombrer d’une organisation qui aurait pu préserver ces informations. Il a beaucoup vendu mais aussi beaucoup donné de la main à la main. A sa mort, les quelques 1000 œuvres de son atelier ont été disséminées aux enchères (Hôtel Drouot, octobre 1976, mars 1977 et octobre 1979). Cinquante ans après sa disparition, le marché de ses œuvres est très peu actif et il est bien difficile de construire une liste un peu complète de sa production sur un sujet ou dans une période donnée. Les témoins ont aujourd’hui presque tous disparus et le temps faisant son œuvre, son histoire se floute peu à peu. Il est probable que Touchagues aurait apprécié cette situation, lui qui a toujours refusé de se laisser enfermer dans une catégorie, une école ou un style.
L’œuvre de Touchagues est essentiellement graphique et figurative. Il n’a qu’effleuré le surréalisme et le style Dada en début de carrière mais ne s’est jamais aventuré dans l’abstraction. C’est d’abord un portraitiste de génie. Il a utilisé une très large palette de media pour s’exprimer : dessin au crayon et à l’encre, aquarelle, lithographie, xylographie, gravure, fusain, peinture, etc. Certaines œuvres ont été réalisées avec beaucoup de soin et un luxe de détails, d’autres sont de simples croquis de personnages ou de situations que sa sensibilité, son œil sûr et sa rapidité lui permettaient de capter en quelques traits et peu d’accents.
Beaucoup ne le connaissent plus aujourd’hui que comme « le peintre de la femme », déshabillée de préférence. Il a parfaitement assumé cette réputation sulfureuse en publiant trois albums de dessins de nus et en réalisant de multiples illustrations de livres d’art sur le même thème. Son talent lui a toutefois permis de garder de la légèreté dans le dessin qui, le plus souvent, esquisse plus qu’il ne montre. Il ne faut pas regarder cette partie de son œuvre avec le regard du début du XXIe siècle où une certaine pruderie domine, mais avec celui du milieu du XXe siècle où le maitre mot était « Libération ».
Il faut être conscient que sa célébrité s’est d’abord bâtie sur le dessin de presse et de théâtre. Soutenu par quelques parrains du monde artistique parisien : Paul Poiret, Charles Dullin, Gus Bofa puis Pierre Trémois, il a pu percer rapidement et voir son nom apparaître de plus en plus souvent aux coté de ceux d’autres artistes parisiens reconnus comme Foujita, Vlaminck, Chagall, Marie Laurencin, Cocteau, Braque, etc. Cela sans renier sa ligne artistique figurative. Arrivé à la cinquantaine, il était devenu une sorte d’artiste officiel dont les institutions et les éditeurs appréciaient le travail et recherchaient la signature. Délivré des soucis financiers, il a pu travailler en toute liberté. Il s’est en particulier lancé dans l’organisation de fêtes somptueuses dont il ne reste malheureusement aujourd’hui que très peu de traces.
Les pages de ce site n’ont pas la prétention de remplacer un nécessaire travail de recherche. Elles offrent au lecteur une image à gros traits de l’œuvre de Louis Touchagues au travers d’une demi douzaine de fenêtres thématiques. Bien sûr, les catalogues d’œuvres sont incomplets et Touchagues a travaillé sur d’autres thèmes. Le choix est donc arbitraire mais, à défaut d’être exhaustive, cette sélection nous a paru représentative. Enfin une page plus technique « styles et signatures », montre l’évolution de sa signature, de ses techniques et de son style au cours de son parcours artistique. L’objectif de l’Association Louis Touchagues est de contribuer à redonner à cet artiste injustement oublié sa place méritée dans le patrimoine artistique et peut être –qui sait– donner envie à un historien d’art de se lancer dans un travail en profondeur.
Les thèmes abordés dans les pages suivantes :
Dessin de presse |
Décors et costumes de théâtre |
Le portraitiste |
L’illustrateur |
Le peintre de la femme |
Témoin de son époque |
Styles et signatures |